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De Cuba - Par René Lopez Zayas - Fêter la fin de l'année



Comment les Cubains célèbrent-ils la fin de l'année?


Dans les années 60, tel que nous avons déjà expliqué, nous les Cubains avons définitivement perdu Noël. Les petits arbres, la naissance de Jésus, les nougats, le massepain et les cadeaux sont devenus alors des vestiges de la bourgeoisie.

Aujourd'hui vous pouvez cependant voir la décoration typique ces jours-ci et même un palmier de Noël s'illumine occasionnellement la nuit.


Certaines familles très traditionnelles se réunissent pour dîner le 24 décembre. C'est pourtant, le 31 décembre et le 1er janvier les événements festifs les plus importants de l'année.


Rien ne se compare à attendre à minuit avec votre famille, puis à sortir dans la rue pour brûler le bonhomme qui représente la vieille année, jeter de l'eau dehors et féliciter les amis ou voisins en même temps qu'on s'embrasse.


Il est de coutume qu'à l'arrivée du nouvel an, dans diverses régions du pays, une grande poupée allégorique représentant l'Ancienne Année soit incinérée. En général, cette poupée est inspirée d'un personnage du feuilleton télévisé contemporain ou peut également être liée à un événement mémorable de l'année. J'imagine bien que c'est l'occasion de brûler des bonshommes à la tête des CUC ou de Trump.


Une autre des traditions les plus typiques du Nouvel An à Cuba consiste à jeter des seaux d'eau dans la rue. Pour ce faire, les familles se rassemblent sur leurs balcons et à l'entrée de leurs maisons pour jeter un seau d'eau dans la rue. C'est ainsi que les maisons sont nettoyées spirituellement et toutes les mauvaises choses qui se sont produites pendant la vieille année sont dépouillées.


C'est aussi une tradition, depuis que nous pouvons voyager librement, de faire le tour des rues proches à minuit, avec une valise, pour attirer la chance de voyager bientôt.


Mais comment se passe-t-il le 31 décembre à Cuba ?


La tradition rurale la plus profondément enracinée est celle de se lever tôt pour tuer le cochon, le même que nous élevons et nourrissons pendant des mois, jusqu'à ce que l'on se passionne pour l'animal et on lui donne un nom, comme «Noël» ou «NouvelAn».


Par contre, il y a ceux qui préfèrent ne pas dépenser de travail et acheter la viande au boucher du quartier et l'envoyer à rôtir, surtout dans les villes, mais rien ne se compare au cochon à la broche, qu'on fait tourner d'une main avec une gorgée de rhum dans l'autre, pendant que nous regardons les cousins jouant au domino, un verre de rhum pareil sous la main.


Le déjeuner typique dans presque toutes les maisons c'est le manioc cuit au mojo et la gandinga, qui n'est rien de plus que le foie de porc mariné aux épices, en particulier les piments, mais attention, vous ne pouvez pas ajouter d'eau ou d'agrumes pour la cuisson, puisque cela rendrait le foie trop dur, selon tradition familiale.


Bien sûr, il faut faire une sieste, car après tout le travail fait, et les vitamines bues, il faut recharger les batteries pour être capables d'arriver conscients à minuit.


Puis la table est prête et une assiette à la main, nous allons nous servir ce qui ne manque jamais dans un dîner de réveillon du Nouvel An, c'est-à-dire du porc rôti, de la bière et du rhum, du riz congrí et du manioc avec mojo (sauce à l'orange amère, de l'huile et à l'ail), et de la salade de laitue et tomates, aux oignons blancs.


En option, il y a ceux qui préfèrent manger de la viande de porc grillé avec cette merveille qu'est le casabe cubain. Grand-mère peut nous surprendre à la fin avec une confiture de goyave ou de papaye, pour faire le plaisir de la nuit, ou bien nous achetons au voisin de délicieux beignets doux, dits buñuelos.


Depuis le triomphe de la Révolution, c'est une tradition du Nouvel An à Cuba que la famille attende minuit après la programmation télévisée spéciale, généralement animée de comédies musicales et d'humour. La plupart des familles attendent de quelques minutes avant minuit l'heure officielle de l'arrivée du nouvel an à la télévision du pays, pour ensuite échanger des câlins et des vœux de bonheur, de prospérité et de bien-être.

Un cidre est débouché à minuit piles pour danser ensuite jusqu'à l'aube, ou jusqu'à ce que nous tombions tous épuisés par l'intensité de la fête et trop de boissons.


Cette année très particulière où la situation sanitaire et économique a changé nos vies en un tournemain, nous ne savons vraiment pas à quel point nos esprits peuvent être calmes ou dans quelles conditions nous pourrions organiser une telle fête.


En effet nous approchons doucement de ces derniers jours de l'année tellement importants pour le moral des cubains et malgré tout, et je dis bien malgré tout, on peut déjà sentir l'ambiance festive au sein des familles qui veulent pas manquer de souligner, bien que modestement, l'arrivée de nouvel an.


Les files d'attente se prolongent à l'infini pour attraper quelques kilos de porc pour faire son rôti, et les bières pour animer la veillée semblent inaccessibles cette fois ci. Le rhum, ce bon sang cubain, fera l'affaire pareillement, et le poulet prend tout à coup des airs d'arrogance face à la possibilité de remplacer le cochon pour la première fois de sa vie à l'occasion du nouvel an.


Ce qui est sûr, c'est que les familles seront réunies et, avec du rhum ou des bières et un morceau de viande quelconque avec du riz et des haricots, nous allons dire au revoir à la vieille année, brûler une poupée ou jeter dans un seau d'eau toutes les mauvaises choses qui sont arrivées cette année, et tous embrassés, nous allons souhaiter de bonne foi qu'une bien meilleure nouvelle année apporte le bien-être et la prospérité que tous les Cubains espèrent et méritent.


Santé à tous alors ... puisque le reste c'est seulement question de travail et persévérance.


Bonne nouvelle année.

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